On pense souvent à tort que je suis féministe. Ce n’est pas parce que j’aime à rappeler à la gent masculine que leur manquement impacte négativement la place de la femme, son rôle et tous les maux qui en découlent que je le suis.

Je ne suis ni féministe ni ne le suis pas. Je suis humaniste. Je ne prône pas l’égalité mais l’équité. Et je me sers de ma voix, humblement, pour mettre à jour des dérives comportementales qui touchent la femme dans ce qu’elle est profondément.
Pour cela j’utilisais mon compte Instagram ( @natureetnaturo ) notamment mes stories. Façon écorchée vive qui en a gros sur la patate. Et puis je préfère aujourd’hui aider les femmes à guérir. Pas en se tapant des week end spa avec les copines. Non. On essaie d’être un peu plus en profondeur. Parce que l’homme a par ses choix et décisions rendu la vie de la femme impossible à bien des égards. Et que la sororité est un concept joli mais encore trop rare, je me questionne aujourd’hui sur la place qu’on donne aujourd’hui à la femme mais surtout à la mère dans notre monde moderne.

La femme souffre. La femme s’est perdue. La mère doit répondre à des standards impossibles d’être partout, pour tout le monde, disponible mais jamais pour elle. Hors, le nombre de dépressions post partum ne cesse d’augmenter. Les dépressions tout court d’ailleurs. La femme est au four et au moulin, boostée par des discours féministes qui lui demandent d’être toujours plus productive pour prouver sa force et sa valeur, et par là sa capacité à égaler l’homme. Le narratif est bien rodé, et la femme à terme bien érodée.
Et les réseaux sociaux font la part belle à ces nouvelles femmes qui sont à la tête d’entreprise de retour au boulot 15 jours après avoir accouché. Exhibant un ventre plat, et ayant le temps de sortir au resto entre copines pendant que bébé attend sagement à la maison. Il faut aller vite, se remettre vite, faire bonne figure vite. Après tout l’accouchement n’est pas un acte médical ( alors qu’il est paradoxalement surmédicalisé) te diront-ils tous. Alors que les 40 jours qui suivent l’accouchement doivent être ceux du recentrage, des gens qui s’occupent autant de maman que de bébé.
Sois sexy pour que ton mec n’aille pas voir ailleurs, perds tes kilos de grossesse honteux en trois mois, recommence à voyager, bouger, faire du sport sous peine de n’être qu’une mémère frustrée condamnée aux travaux forcés.
Quid de la » vraie » vie? Une mère, et je n’ai aucune problème à assumer mes propos et les affirmer, doit, et je dis bien , DOIT, embrasser son rôle pleinement. Quoi? Tu veux donc dire, Brigitte, que je ne peux pas prendre de temps pour moi, et partir en vacances une semaine alors que bébé n’a que deux mois pour redevenir une femme entière pour ne penser qu’à moi un peu ?

J’entends la détresse de la mère en post partum, dépassée par des bouleversements hormonaux, de la fatigue accumulée, un chamboulement de son univers si serein, et si egocentré. Je l’entends. Mais tu sais quoi, si tu n’étais pas sollicitée par la société pour être une business woman 3 semaines après avoir accouché, pour perdre tes kilos en sirotant des tisanes de queue de cerises et des barres proteinées. Si on ne te demandait pas de » reprendre la routine du quotidien » et de rester sexy pour ne pas que ton mari aille voir ailleurs. Ou de reprendre le sport ( après avoir rétabli ton périnée surtout hein) d’arrache pied pour retrouver ta silhouette d’avant, ou encore de vite reprendre ta pilule contraceptive parce que madame vous êtes fertile 21 jours après l’accouchement ( qui, qui a des rapports 21 jours après avoir expulsé un être humain de son vagin et avec du sang qui coule entre ses jambes ?!!?) et bien tu pourrais retrouver ta fonction première qui est d’être : mère nourricière.
Qui se soucie d’être bien nourrie, d’aliments réconfortants, qui se laisse le temps de renaître en même temps qu’elle a donné naissance à son petit, qui accepte que son corps est devenu encore plus beau même si il est différent, avec toutes ses traces qui marquent le début d’une histoire d’amour avec ton enfant. Les hommes intelligents sont là pour leur femme et n’exigent rien. Ils aident et soulagent autant qu’ils le peuvent, et si tu es malheureusement mariée ou en couple avec un homme qui ose parler de laisser aller alors que tu viens littéralement de donner vie à un être humain, je t’encourage à te poser les bonnes questions pour la suite. Tu es reine, tu es mère, tu nourris en donnant ton sein, ton lait, le meilleur aliment dont bébé peut se nourrir. Mets toi dans ta bulle. Ignore le bruit externe, les normes, celles qui te disent que tu es la représentante des femmes et que tu dois toujours faire plus pour une cause qui n’est pas la tienne. Ton seul souci doit être de connecter avec ton enfant le plus intensément possible, vous découvrir abondamment, tu ne te perdras pas dans ce rôle, je te le promets, il suffit juste qu’on t’en donne les moyens, les bons soutiens, la bonne alimentation. Le jour où tu as donné la vie à cet être tu n’as pas cessé d’exister bien au contraire. Être mère n’annule pas ton rôle de femme. Il le développe, l’enrichit. Il n’y a pas de scission entre le concept de couple et le concept de famille. C’est une symbiose équilibrée.
Je ne suis pas en train de te dire que c’est facile. Que découvrir la maternité n’est que bonheur et roudoudou. Je te dis simplement d’embrasser ce rôle du mieux que tu peux, en délaissant les fantasmes de la femme Shiva, qui doit faire plus qu’elle n’est.

Tu ne trouveras pas de réconfort dans des activités en dehors de chez toi, avec des nuits blanches dans les pattes, des hormones en chute libre, crois moi. Ce n’est pas des pansements de ci de là qui vont donner à la mère des solutions viables pour son bien être.
C’est une réforme de la vision de la femme et de la mère dans son entièreté. Une réforme sûrement jugée rétrograde par bien des personnes qui estiment qu’une femme épanouie est une mère qui lâche du mou et laissent interférer des tierces personnes dans sa relation avec son enfant. Des institutions extérieures pour la » soulager » ( comme si un enfant était un fardeau). Crèches, écoles, centre de vacances. Je ne dis pas qu’il ne faut pas déléguer parfois. Je dis qu’être mère c’est éteindre le bruit de la norme établie par des entités qui ne pensent qu’au rendement et au profit, qui ne pensent qu’à couper le lien fort qui unit normalement les parents avec leurs enfants, pour les rendre dociles sans remise en question aucune des autorités. Je dis qu’il faut que la mère redevienne socle et pilier de son foyer avant de vouloir aller révolutionner le monde à coup de soutien gorge en feu.
Et si tu n’as pas envie d’être mère, si tu as un doute quant à tes capacités, si ce rôle qui implique dons et sacrifices, mais également amour intense et réciprocité ne te parlent pas, alors n’ enfante pas. Et grand bien te fasse.
On a besoin de mères fortes et déterminées dans leur rôle. Des mères aux seins arrondis par le lait qu’elles produisent, aux ventres striés de vergetures qui sont le symbole ultime du don de soi. Nous avons besoin de mères boussole, de mères fières, qui n’hésitent pas. Qui ne doutent pas d’elles parce qu’elles ont quelques kilos en plus. Tout ça c’est de la poussière jetée aux yeux des gens superficiels. On veut des mères qui connectent avec leur enfant intérieur via leurs propres enfants. De celles qui rêvent d’un monde meilleur et qui inculquent des valeurs vraies à leurs enfants.
On a besoin de vous. Femmes. Mères. On a besoin de reprendre ce rôle qu’on nous a volé pour des combats politiques et sociétaux qui ne nous regardent pas. On n’a pas à éponger la médiocrité de certains hommes. Ni prouver quoi que ce soit. Nous sommes plus que ce que nous avons et faisons.